Un formalisme mathématique, élaboré bien avant l’avènement des circuits électroniques numériques, permet de formuler, analyser et simplifier les expressions de la logique binaire. Il s’agit de l’algèbre de Boole.
Une algèbre est un système mathématique, défini pour un ensemble d’éléments auxquels sont associés un ensemble d’opérateurs et qui respecte un jeu d’axiomes ou postulats. Une algèbre nécessite donc:
Un ensemble \(S\) d’éléments
Des opérateurs: \(\cdot\), \(\star\), \(+\)
L’application des opérateurs aux différents éléments doit respecter un certain nombre de propriétés appelées postulats, comme par exemple:
Selon le choix des postulats, on arrive à définir différents types de systèmes algébriques. Par exemple, les nombres réels avec lequel nous sommes familiers est un système algébrique d’un type appelé corps.
Une algèbre de Boole est un type de système algébrique défini sur un ensemble \(B\), muni de deux opérateurs dénotés \(+\) et \(\cdot\), et qui respecte les postulats suivants2 (postulats de Huntington):
♠ Fermeture par rapport à \(+\).
♥ Fermeture par rapport à \(\cdot\).
♠ Élément identité de \(+\), noté 0: on a \(x + 0 = 0 + x = x\).
♥ Élément identité de \(\cdot\), noté 1: on a \(x \cdot 1 = 1 \cdot x = x\).
♠ Commutativité par rapport à \(+\): on a \(x + y = y + x\).
♥ Commutativité par rapport à \(\cdot\): on a \(x \cdot y = y \cdot x\).
♠ \(\cdot\) est distributif sur \(+\): on a \(x \cdot (y + z)= (x \cdot y) + (x \cdot z)\).
♥ \(+\) est distributif sur \(\cdot\): on a \(x + (y \cdot z)= (x + y) \cdot (x + z)\).
♠ \(x + x^{\prime} = 1\).
♥ \(x \cdot x^{\prime} = 0\).
Observons des différences entre une algèbre de Boole et le corps des réels:
Il n’y a pas de loi d’associativité dans les postulats. On peut en démontrer une, cependant.
L’opération \(+\) est distributive sur \(\cdot\).
Il n’y a pas d’inverse multiplicatif ni d’inverse additif, on ne peut donc pas faire de soustraction ou de division.
Il y a un concept de complément.
L’ensemble d’éléments est différent. Nous utiliserons pour notre part l’ensemble \(B: \{0, 1 \}\) pour notre algèbre de Boole.
L’ensemble de définition: \(B : \{0, 1 \}\).
Opérateur \(\cdot\):
$$x$$ | $$y$$ | $$x \cdot y$$ | |
---|---|---|---|
0 | 0 | 0 | |
0 | 1 | 0 | |
1 | 0 | 0 | |
1 | 1 | 1 |
Opérateur \(+\):
$$x$$ | $$y$$ | $$x + y$$ | |
---|---|---|---|
0 | 0 | 0 | |
0 | 1 | 1 | |
1 | 0 | 1 | |
1 | 1 | 1 |
Règle de complémentation:
$$x$$ | $$x^{\prime}$$ | |
---|---|---|
0 | 1 | |
1 | 0 |
La fermeture est évidente (en regardant les tableaux des opérations).
En observant les tableaux de vérité, on constate que
\(0 + 0 = 0\), \(0 + 1 = 1 + 0 = 1\)
\(1 \cdot 1 = 1\), \(0 \cdot 1 = 1 \cdot 0 = 0\)
ce qui définit les deux éléments identité: 0 pour \(+\) et 1 pour \(\cdot\).
La commutativité des lois est évidente: les tableaux sont symétriques.
Les lois de distributivité se démontrent aisément en établissant des tables de vérité pour les différentes valeurs de \(x, y\) et \(z\).
\(x + x^{\prime} = 1\), car \(0 + 0^{\prime} = 0 + 1 = 1\) et \(1 + 1^{\prime} = 1+ 0 = 1\)
\(x \cdot x^{\prime} = 0\) car \(0 \cdot 0^{\prime} = 0 \cdot 1 = 0\) et \(1 \cdot 1^{\prime} = 1 \cdot 0 = 0\).
2 Certains postulats viennent en paires; nous les distinguons ici au moyen d’étiquettes ♠ ou ♥.